Les maladies inflammatoires de l’intestin (MII) incluent un groupe de conditions dont les deux formes principales sont la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn. Ces maladies provoquent une inflammation de la muqueuse du tube digestif et perturbent la capacité du corps à digérer et absorber les nutriments. Les personnes atteintes peuvent éprouver des périodes aiguës de symptômes (phase active) et d’autres moments où leurs symptômes sont absents (rémission). Les signes et les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales, de la diarrhée, du sang dans les selles, une diminution de l’appétit et une perte de poids. La cause exacte de ces maladies demeure inconnue et, par conséquent, il n’existe aucun remède.
Des modifications des habitudes alimentaires peuvent potentiellement permettre aux personnes atteintes de MII de :
Voici quelques conseils généraux pour les MII :
Les carences en vitamines et minéraux, notamment en fer, calcium et vitamine D, sont fréquentes chez les personnes atteintes de MII, les mettant à risque d’anémie et de perte de densité osseuse. En période active de maladie, l’absorption des vitamines et minéraux peut être diminuée, ce qui augmente le risque de développer des carences. Il est recommandé de prendre un supplément de vitamine D pendant les mois d’octobre à avril, et à l’année pour les personnes de 50 ans et plus. Il est important d’avoir un apport optimal en acides gras oméga-3 pour aider à réduire l’inflammation. Il est recommandé de consommer du poisson au moins trois fois par semaine. Les personnes végétariennes ou qui ne consomment pas de poisson peuvent considérer prendre un supplément d’oméga-3. Il est important de consulter un médecin pour faire un bilan sanguin afin de déterminer quels suppléments alimentaires on devrait prendre. On ne devrait jamais prendre de suppléments sans obtenir l’avis préalable d’un professionnel de la santé.
Souvent, les personnes atteintes de MII ont tendance à limiter les fibres alimentaires par peur d’avoir des symptômes digestifs. Or, les fibres sont bénéfiques pour la santé intestinale. Il est recommandé de consommer des aliments riches en fibres solubles et en prébiotiques pour réduire les symptômes de diarrhée et l’inflammation dans le colon et ainsi optimiser la santé du microbiote intestinal. Une étude récente a démontré qu’une alimentation riche en fibre et faible en gras pouvait réduire l’inflammation et la dysbiose intestinale et améliorer la qualité de vie des patients atteints de colite ulcéreuse.
Les personnes qui sont en phase active de la maladie ou qui ont une sténose, c’est-à-dire une diminution de la largeur de l’intestin qui peut causer des blocages, devraient suivre une diète faible en résidus. Cependant, la texture des fibres peut être adaptée pour optimiser la tolérance et éviter les complications, par exemple sous forme de purées, potages et smoothies.
En période active de la maladie, il est recommandé de consommer une diète riche en calories et protéines et faible en fibres et résidus. Les aliments devraient être répartis en cinq ou six petits repas par jour, et on peut consommer des smoothies au besoin. On devrait éviter de sauter des repas, ce qui peut rendre l’intestin grêle plus actif et augmenter les gaz et les selles liquides.
Il est possible de développer une intolérance temporaire au lactose. Dans ce cas, on peut choisir des produits laitiers faibles en lactose. Il est aussi recommandé d’éviter les aliments très gras, les aliments épicés, les aliments riches en sucre, le café et l’alcool, qui peuvent potentiellement être plus difficiles à tolérer.
En période active de la maladie, il peut être plus difficile de tolérer les aliments riches en résidus tels que les fruits et les légumes crus, les laitues, les pelures de fruits et légumes, les noix et graines, ainsi que le popcorn. Dans ce cas, on peut privilégier les aliments riches en fibres qui ont une texture plus molle ou liquide tels que les smoothies, les potages, les légumes cuits et pelés, les purées de fruits et de légumes et les beurres de noix crémeux. Une fois les symptômes disparus ou grandement diminués, on peut tenter d’augmenter progressivement son apport en fibres et la variété de son alimentation afin d’optimiser sa santé. Il est conseillé de réintroduire un seul aliment à la fois en petite quantité, de surveiller ses symptômes à l’aide d’un journal alimentaire, et d’arrêter de manger les nouveaux aliments si on développe des douleurs abdominales ou de la diarrhée.
Les FODMAP sont des glucides fermentescibles qui ne sont pas bien digérés par le système digestif et qui se retrouvent alors en quantité importante dans le gros intestin (côlon) où ils sont fermentés. Cette fermentation peut entraîner, chez les personnes qui y sont sensibles, des symptômes digestifs. Cette diète est efficace pour réduire les symptômes digestifs des personnes souffrant du syndrome du côlon irritable (SII). Des études suggèrent qu’une diète faible en FODMAP peut aussi aider à réduire les symptômes gastro-intestinaux chez les personnes atteintes de MII. L’alimentation faible en FODMAP est conçue pour être suivie à court terme. Il est important de réintroduire les aliments par la suite en suivant un protocole bien précis afin d’identifier la ou les familles problématiques.
Les menus faibles en FODMAP de SOSCuisine peuvent être utiles pour les personnes qui désirent suivre l’approche FODMAP.
La diète méditerranéenne est reconnue depuis longtemps pour ses effets protecteurs contre diverses maladies chroniques. Elle se caractérise par un apport élevé en aliments d’origine végétale, une consommation régulière de poisson et de volaille, une consommation modérée de vin rouge, de produits laitiers et d’œufs et une faible consommation d’aliments transformés, sucreries, de viande rouge et de charcuteries. Elle est représentée par une pyramide.
Plusieurs études démontrent que la diète méditerranéenne peut être efficace pour réduire l’inflammation, améliorer le microbiote intestinal et favoriser la rémission des symptômes chez les personnes atteintes de MII.
Les menus Maladie de Crohn et colite ulcéreuse de SOSCuisine sont basés sur la diète méditerranéenne et conçus pour les personnes souffrant de MII.
Le régime en glucides spécifiques (SCD) a été développé par Dr Sidney Hass en 1930 pour les enfants atteints de la maladie céliaque. Il a été popularisé plus tard par Élaine Gottschall via le livre Breaking the vicious cycle. Cette diète élimine les produits céréaliers, les légumes féculents (patate, patate douce, mais, navet, certaines légumineuses), les produits laitiers (à l’exception du yogourt fermenté), les sucres ajoutés (sauf le miel), le soya, les aliments transformés, les additifs et les émulsifiants, incluant les fruits, légumes et poissons en conserve. Seuls les monosaccharides qui requièrent un niveau de digestion minimal son permis. Ainsi, les aliments permis sont principalement les fruits et légumes frais (sauf les légumes féculents), la viande, la volaille, le poisson, les fruits de mer, les oeufs, les noix, les graines (sauf les graines de lin, chia et de chanvre), les arachides, les huiles, certaines légumineuses et le yogourt fermenté fait maison. Il existe aussi une diète SCD modifiée, qui permet d’ajouter le riz, l’avoine, le sirop d’érable, les patates douces et le cacao non sucré.
Selon plusieurs études cliniques, la diète SCD peut permettre aux personnes atteintes de MII d’atteindre la rémission. Une nouvelle étude a comparé l’efficacité de la diète SCD à la diète méditerranéenne chez 194 patients adultes atteints de la maladie de Crohn et présentant des symptômes légers à modérés. Ceux-ci ont été répartis au hasard pour consommer la diète méditerranéenne ou la diète SCD pendant 12 semaines. Il n’y a eu aucune différence significative entre les deux régimes en termes d’amélioration des symptômes et de réduction des marqueurs inflammatoires. Cette étude indique que les deux régimes peuvent être aussi efficaces pour favoriser la rémission des symptômes chez les adultes atteints de la maladie de Crohn. L’alimentation méditerranéenne a l’avantage d’être moins restrictive, plus variée et facile à suivre à long terme comparativement à la diète SCD. Elle semble donc être un choix à privilégier pour la plupart des patients atteints de MII.
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