Devrait-on remplacer les glucides par les lipides?

8 février, 2018 ,

Il y a quelques mois, les résultats de l’étude PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology) ont été publiés et ont fait beaucoup de bruit dans les médias. Le principal message qui a été véhiculé sur les réseaux sociaux est que l’on devrait remplacer les glucides par les lipides dans notre alimentation. Certains sont allés encore plus loin en affirmant que le bacon était bon pour la santé ou encore qu’il serait préférable de suivre la diète cétogène. Mais qu’en est-il réellement?
 coeur en santé avec SOSCuisine

L’étude PURE est une étude de grande envergure incluant 135 335 individus âgés entre 35 à 70 ans, provenant de 18 pays et ayant été suivis pendant une période de 7 ans. Les chercheurs ont conclu qu’un apport élevé en glucides était associé à un risque accru de mortalité, alors qu’un apport élevé en gras était associé à une diminution du risque de mortalité.

Selon les résultats obtenus, les chercheurs recommandent un apport en lipides d’environ 35% de l’énergie totale et un apport en glucides d’environ 46% de l’énergie totale. Or, ces recommandations ne sont pas vraiment différentes des recommandations canadiennes actuelles, qui sont de 45 à 65 % de l’énergie totale pour les glucides et de 20 à 35 % de l’énergie totale pour les lipides. Il est à noter que les apports en glucides et lipides mesurés dans l’étude PURE sont extrêmement loin de ceux prônées par la diète cétogène (plus de 80% des calories sous forme de gras). Les auteurs ont d’ailleurs affirmé que les résultats de cette étude ne supportent pas l’adoption de diètes très faibles en glucides.

Il faut aussi savoir qu’on ne peut pas baser des recommandations en matière de nutrition sur les résultats d’une seule étude. De plus, les chercheurs n’ont pas tenu compte de la qualité de l’alimentation, c’est à dire la variété et le type d’aliments consommés, leur valeur nutritive et l’ampleur de leur transformation. Par exemple, ils ont mis sur un pied d’égalité les sucres raffinés provenant des friandises et des boissons sucrées et les glucides provenant des grains entiers et des fruits. Ils n’ont pas non plus tenu compte de l’apport en fibres ou en gras trans. Pourtant, on sait que les aliments ultra-transformés n’ont pas du tout le même impact sur la santé que les aliments frais. Finalement, afin de pouvoir évaluer l’alimentation des participants, ceux-ci ont rempli un questionnaire de fréquence. En d’autres mots, on leur a demandé à quelle fréquence ils mangeaient certains types d’aliments. Par contre, les participants ont rempli le questionnaire seulement au début de l’étude. On a donc estimé qu’ils se sont nourri de façon identique pendant 7 ans.

En conclusion, avec un peu de recul, les résultats de l’étude PURE ne sont pas aussi sensationnels que les médias ont tenté de nous le faire croire. L’impact de l’alimentation sur la santé est une science complexe et un seul nutriment n’est pas responsable des problèmes de santé. Les glucides, lipides et protéines sont tous essentiels à la vie et exercent diverses fonctions dans l’organisme. Par exemple, les glucides constituent la source principale d’énergie pour les muscles et le cerveau et favorisent l’équilibre du microbiote intestinal. Les protéines permettent la construction et la réparation des muscles et créent un effet de satiété. Les lipides favorisent l’absorption de certaines vitamines et la fabrication d’hormones. Alors, est-ce que vous devriez remplacer le sucre par le gras dans votre alimentation ? Cela dépend de divers facteurs tels que la qualité de votre alimentation, votre état de santé, votre niveau d’activité physique, votre composition génétique, vos goûts, etc. Si vous mangez beaucoup de sucres raffinés, alors peut-être que oui. Mais alors, il vaudrait mieux augmenter votre consommation de bons gras tels que les noix, les avocats et l’huile d’olive.

Si vous avez besoin d’aide pour équilibrer votre alimentation, consultez nos menus ou prenez rendez-vous avec une de nos nutritionnistes.


Références

  • Dehghan M. et coll. Associations of fats and carbohydrate intake with cardiovascular disease and mortality in 18 countries from five continents (PURE): a prospective cohort study. Lancet 2017; 390:2050-62.
  • Manore, M. Exercise and the Institute of Medicine recommendations for nutrition. Current sports medicine reports 2005; 4(4), 193-198.

Auteur

Kathryn Adel
Kathryn possède un baccalauréat en nutrition ainsi qu'un baccalauréat et une maîtrise en kinésiologie, tous de l’Université Laval. Elle est membre active de l’Ordre professionnel des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ) ainsi que de l’Academy of Nutrition and Dietetics américaine. Elle possède également la certification de l'université Monash sur le protocole FODMAP pour le traitement du syndrome de l'intestin irritable et a une grande expérience clinique en la matière. Athlète de demi-fond accomplie, elle a couru pour les équipes Montréal-Olympique et Rouge et Or. Kathryn se spécialise en nutrition sportive, perte de poids, diabète, santé cardiovasculaire et gastro-intestinale.

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